L’Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF) et l’Association de promotion des Droits Humains et des Minorités (ADHUM) se félicitent des observations finales adoptées le 29 avril par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) de l’ONU, à l’occasion de l’examen de la Belgique.
Lors des réunions préparatoires avec le groupe d’experts du CERD, les représentants francophones ont dénoncé la situation des 300.000 francophones qui vivent en Flandre, victimes d’un processus d’assimilation forcée, notamment à Renaix où les facilités linguistiques accordées aux francophones sont remises en question.
A la lecture des observations finales du CERD et des recommandations faites à la Belgique, le moins que l’on puisse dire, c’est que les informations communiquées par l’APFF et l’ADHUM ont retenu toute l’attention des experts.
En effet, le CERD explique que "tout en prenant note de la création de l’Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains, le Comité est préoccupé du fait qu’actuellement, l’Institut a un mandat limité, ne couvrant que les droits fondamentaux qui relèvent de la compétence fédérale. Il s’inquiète, en outre, que l’Institut ne puisse pas examiner les questions traitées par des institutions sectorielles pour la promotion et la protection des droits de l’homme ainsi que par l’absence d’un protocole de collaboration avec lesdites institutions. Par ailleurs, le Comité est préoccupé que l’Institut n’ait pas de mandat pour recevoir et traiter des plaintes individuelles (art. 2).
Le Comité recommande à l’État partie d’adopter les mesures nécessaires, en consultation avec la société civile et les autres parties prenantes, pour rendre l’Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains pleinement conforme aux Principes de Paris, notamment en veillant à ce que son mandat couvre l’ensemble des droits de l’homme pour tout le territoire de l’État partie, y compris le niveau fédéral et régional. Il recommande également de confier à l’Institut fédéral le mandat de recevoir et traiter les plaintes individuelles, y compris les cas de discrimination linguistique concernant les minorités, et lui allouer les ressources humaines et financières suffisantes pour lui permettre de s’acquitter de ses mandats".
Le CERD, qui rappelle l’importance des données pour repérer et lutter efficacement contre la discrimination raciale, recommande à la Belgique de: "s’efforcer de concevoir des outils qui lui permettront d’obtenir une vue d’ensemble de la composition de sa population. À ce propos, l’État partie devrait fournir des renseignements sur toute information sur l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique découlant d’enquêtes sociales ainsi que sur les langues maternelles, les langues couramment parlées ou tout autre indicateur de la diversité ethnique. Les données devraient être chiffrées et fournir une description qualitative des caractéristiques ethniques de la population recueillie à titre volontaire et anonyme et sur la base du principe de l’auto-identification".
Ceci implique de facto le rétablissement des recensements linguistiques, supprimés en 1961, la Flandre ne voulant pas entendre parler de minorité francophone sur son territoire.
Enfin, et c’est important, le CERD demande à la Belgique de fournir, dans un délai d’un an, à compter de l’adoption des observations finales, des renseignements sur la suite qu’elle aura donnée aux recommandations précitées, ainsi qu’aux recommandations relatives aux violences policières.
Autant dire que, sur ces points, la Belgique se retrouve dans le collimateur de l’ONU!