Il était une fois un paisible village fort de ses 300 habitants, une localité logée dans une vallée conduisant à une calme rivière, en bordure d’une frontière administrative qualifiée de linguistique. A proximité de son église patronnée par St-Héribert, on trouvait une école fondamentale, un magasin d’alimentation, et un café, le centre névralgique des activités récréatives de fin de semaine. Dans ce bistrot, Yvonne et Nicolas eurent la joie d’accueillir une fratrie de 8 enfants également répartis. Peu de distractions pour cette petite tribu si ce n’est la traditionnelle kermesse annuelle. Puis vint en 1969, la renaissance d’un club de foot auquel adhérèrent les 4 garçons du clan qui prirent place dans les différentes catégories. Le second d’entre eux, prénommé Hugo, y officia plusieurs années au poste d’arrière, affirmant déjà son caractère tranché de par son engagement et de par sa taille. Le club alignait alors neuf équipes de joueurs venant de tous horizons tant l’ambiance était excellente, sur le terrain, à la buvette et … au café du village quand les délais n’étaient pas dépassés.
- La politique venait de temps à autre entraver la quiétude des lieux et Hugo n’hésita pas à rejoindre le groupe dénommé « Le Hérisson » dont il devint le Président, décidé de témoigner son attachement à la défense des droits des habitants de la région, de lutter contre l’injustice linguistique et administrative imposée, et, à l’occasion, avec son groupe, tenter de repousser les envahisseurs venus y passer le week-end.
- Sociétaire dans l’âme, Hugo participa à la construction de la salle villageoise qui allait accueillir les quelques activités locales mises en place. Il participait aussi aux concours mensuels du club de tir local et en devint même le Roy.
- Seule, l’Harmonie Réunie de Rémersdael et Teuven n’a pas eu l’honneur de le compter parmi son effectif musical.
- Alors qu’au fil des ans, les membres de la tribu SMITS émigraient par mariage vers d’autres lieux, seul Hugo décidait de rester dans son village natal. Avec Christine, son épouse, il construisit son nid pour y accueillir deux charmants bambins du nom de Grégory et Aurélie.
Puis arriva le déplacement de l’école du village vers un autre lieu du territoire fouronnais ; suivit la fermeture du seul magasin de la localité, puis celle de l’unique café du patelin ; et enfin la dissolution du club de foot par manque d’effectifs attirés par d’autres activités sportives.
Toute l’âme du village avait ainsi disparu.
Mais la salle récemment construite réveilla la nouvelle génération et Hugo n’était pas en reste pour participer aux diverses activités qui y étaient organisées.
Ses autres loisirs se ventilaient en - de longs déplacements comme pour soutenir nos Diables Rouges au Mondial 2014 organisé au Brésil, ou encore en vue de suivre des rallyes automobiles, ainsi qu’un séjour au Club Med en Croatie.
- de plus, depuis 25 ans, le café « Le Renouveau » de Clermont accueillait chaque premier jeudi du mois un conclave d’anciens joueurs du Cercle Sportif de Rémersdael où chacun rappelait le « bon vieux temps », et d’autorité, Hugo se vit désigné « Président » par ses comparses ;
- dans le cadre privé, le « Club des 5 » dont il était partie prenante, se retrouvait en tournante pour de mémorables parties de cartes.
Il y a quelques années, désireux de changer d’air, Christine et Hugo décidèrent de déplacer leur camp de base à Montzen, une commune voisine aux mœurs proches des nôtres. Leur intégration y fut rapide puisque Christine est native du coin et Hugo étant adepte du tir, s’y distingua, là aussi, au point d’en devenir « Roy de la Société Ste Barbe ».
Depuis deux ans, la pandémie a profondément modifié notre rythme de vie et semble nous accorder actuellement quelque répit. Mais un autre mal sournois dénommé « le crabe cancéreux » était et est encore toujours bien présent et frappe indistinctement jeunes et moins jeunes. Voici quelques mois, Hugo a appris la sinistre nouvelle de son affection. Si la Faculté semblait lui accorder un délai impossible à définir, cette période de survie lui en était d’autant plus pénible. L’ayant rencontré fin janvier, il me signifiait que sa déchéance physique évolutive et perceptible quotidiennement était difficile à supporter mais que dans de telles circonstances, il avait, par-dessus tout, la chance et la joie de se savoir entouré d’une vraie famille, de sa fratrie.
Hugo,
Te voici à nouveau parmi nous, dans ton village natal, le village où tu as vécu et participé aux meilleurs moments de ta vie.
La boucle est ainsi bouclée.
De par notre proximité d’abord en tant que voisin, puis dans le cadre du foot ainsi que dans l’action politique, j’ai appris à te connaître comme un gars correct, honnête, franc dans tes propos, bon vivant, festif, jovial, sincère, disponible.
Dans tous ces qualificatifs, se trouvent les souvenirs que je garderai de toi, un être profondément humain. Et j’en suis heureux !
- A toi Christine, à vous Grégory, Aurélie et Charly, je vous souhaite beaucoup de courage dans cette épreuve mais soyez fiers d’avoir connu et côtoyé de près un tel époux, un tel papa, un tel Papy !
Conservez les magnifiques souvenirs rassemblés dans le montage - dias que vous détenez, souvenirs de moments précieux partagés avec lui et qui vous consoleront de son départ prématuré.
A revoir, Hugo.
François DETRY
15 mars 2022