Le gouvernement wallon a décidé de financer quatre projets de recherche pour renforcer la candidature de l’Euregio au projet de télescope Einstein, qui serait installé en partie en province de Liège (Dalhem). 10 millions d’euros vont être débloqués.
Le Télescope Einstein sera comparable au CERN et pourrait même le surpasser en taille et en rayonnement international. Le CERN, installé en Suisse, c’est l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire qui a construit des collisionneurs de particules. 70 ans après sa création, le CERN emploie plus de 2.500 personnes et est le cœur d’un large écosystème de start-ups.
C’est le modèle qu’a en vue l’Euregio Meuse-Rhin, à cheval sur les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique (province de Liège). Elle est en lice avec la Sardaigne pour accueillir le projet du Télescope Einstein, soit l’observatoire européen le plus avancé pour la détection des ondes gravitationnelles.
Pour mettre un maximum de chances de notre côté, la Région wallonne vient de décider de mobiliser un financement de 10 millions d’euros pour soutenir de nouveaux projets de recherche. « Ces projets prolongeront les travaux réalisés dans le cadre d’Interreg tout en explorant de nouvelles pistes pour renforcer l’écosystème wallon des ondes gravitationnelles et préparer au mieux nos acteurs à l’accueil potentiel du Télescope Einstein », annonce le ministre Willy Borsus dans un communiqué.
Grâce à ce télescope, les chercheurs pourront entendre les trous noirs entrer en collision et acquérir des connaissances sur les débuts de l’univers. Il consisterait en un triangle de 10 km de côté enfoui à 250 mètres sous terre. Un de ces côtés serait donc localisé du côté de Dalhem, en région liégeoise. Les dernières estimations géologiques montrent qu’au moins 70 % du télescope serait situé en territoire wallon.
C’est en 2026 que la Wallonie saura si ce projet deviendra une réalité sur son territoire. Mais d’ici là, elle va financer quatre projets de recherche – ETGEO, ETOPT, CRISTAL et ETLOG – qui couvriront l’ensemble du cycle de vie du Télescope, allant de l’exploration du sol pour identifier le meilleur site jusqu’à l’exploitation finale des données produites par le Télescope.
« Ces projets de recherche représentent un signal fort pour l’innovation, la recherche, la science et le déploiement économique en Wallonie »
Willy Borsus
> 1. ETGEO
Le Télescope Einstein sera composé de trois tunnels de 10 km de long, reliés en un triangle équilatéral et creusés à une profondeur de 250 mètres. Avant de commencer la construction de ces trois tunnels, il est nécessaire de déterminer leur emplacement idéal en étudiant le sous-sol à l’aide de forages effectués à des endroits stratégiques. Le projet ETGEO poursuivra les études déjà entreprises dans le cadre de E-TEST. L’objectif est de quantifier des aspects clés du sous-sol qui influencent la performance du Télescope Einstein.
> 2. ETOPT
Une fois le triangle creusé, trois interféromètres y seront installés. Ces instruments permettent de détecter les ondes gravitationnelles en mesurant les variations subtiles de l’espace-temps. Chaque interféromètre se compose d’un émetteur-récepteur laser à l’une des extrémités du triangle et de deux miroirs situés aux deux autres extrémités.
Dans le Télescope Einstein, ce dispositif est répété trois fois. Chaque émetteur envoie deux faisceaux laser vers les miroirs, qui les réfléchissent vers le récepteur. En comparant les temps de trajet des signaux réfléchis, les scientifiques peuvent déterminer si l’espace a été traversé et déformé par une onde gravitationnelle.
Ces instruments doivent être extrêmement précis, pour atteindre ce niveau de précision, le projet ETOPT vise à développer un démonstrateur de laboratoire.
> 3. CRISTAL
Pour assurer la précision des mesures, les miroirs doivent être protégés de toutes les vibrations autres que celles provoquées par les ondes gravitationnelles. Le projet CRISTAL s’appuiera sur un prototype pour créer le laboratoire CRyogenics & Inertial STAbility Lab dédié aux entreprises et aux chercheurs, offrant un environnement cryogénique grandeur nature pour valider des technologies de pointe liées au Télescope Einstein.
> 4. ETLOG
Le Télescope Einstein générera une quantité massive de données en mesurant près d’un millier d’ondes gravitationnelles par jour, comparé à une centaine de mesures par an pour les détecteurs actuels. Le développement de logiciels performants pour traiter ces données sera donc indispensable. L’objectif du projet ETLOG est de développer des logiciels de haute technologie et d’établir une infrastructure de calcul robuste en préparation de la mise en service du Télescope Einstein.
La construction du télescope Einstein devrait débuter en 2028, il devrait opérer ses premières observations en 2035. Il coûterait la bagatelle de 2 milliards d’euros.
Pour Willy Borsus, le ministre wallon de la Recherche numérique, « ces projets de recherche représentent un signal fort pour l’innovation, la recherche, la science et le déploiement économique en Wallonie. Les retombées seront positives pour les PME et les centres de recherche wallons. »
(LA MEUSE BASSE-MEUSE - 27 avril 2024)