Le débat sur la motion réclamant pour les citoyens européens non-belges, le droit de vote pour l'élection du CPAS, ajoutée à l'ordre du jour, d'un conseil communal de Fourons, consacré à des points administratifs, et ouvert par la désormais traditionnelle guérilla verbale entre le groupe Voerbelangen et le conseiller indépendant, Rik Tomsin, clôturait la séance publique, et était le plus «chargé» politiquement.
La motion a été approuvée par la majorité par neuf fois contre deux (R@L) et trois abstentions (deux R@L et celle de Rik Tomsin). Mais avant le conseil communal, le même Rik Tomsin avait voté de la même manière en réunion de CPAS. Et là, le texte de la motion a été rejeté par quatre voix francophones contre quatre voix flamandes. Commune et CPAS divergent donc sur cette question.
Alexandra van Gestel a plaidé la cause des citoyens néerlandais de Fourons... En oubliant les Fouronnais(e)s francophones
Habilement, le groupe Voerbelangen avait laissé à son élue néerlandaise, Alexandra van Gestel, le soin de présenter le texte.
«Il y a quelque chose que je ne comprends pas, et que jamais personne n'est parvenu à m'expliquer: pourquoi les 1764 habitants de Fourons qui ne sont pas Belges, n'ont pas le droit d'élire les membres du CPAS», a-t-elle déclaré d'emblée. On ne saurait trop lui conseiller de lire les nombreux ouvrages, en français et en néerlandais, consacrés au dossier fouronnais: elle saurait ainsi pourquoi cette commune a un statut linguistique spécial.
«Nous contribuons au développement de Fourons. Nos enfants vont à l'école à Fourons. Et le CPAS nous concerne tout autant que les citoyens belges de Fourons. Dans de nombreuses communes flamandes, le CPAS a fusionné avec le conseil communal: les citoyens européens non-belges peuvent donc élire leurs membres. Cette situation est inéquitable et Voerbelangen veut mettre fin à cette anomalie» a-t-elle poursuivi. Avant de conclure que cette demande «ne porte pas atteinte aux facilité linguistiques, mais que c'est une question de démocratie».
C'est Grégory Happart (R@L) qui a répliqué le premier, en néerlandais, pour lui rappeler le statut spécial de Fourons. «Vous parlez de la discrimination dont sont victimes les citoyens européens non-belges, mais vous oubliez la discrimination dont sont victimes les Fouronnais francophones» a-t-il asséné. Un argument aussi brandi, au CPAS, par le chef de groupe francophone, l'ancien bourgmestre et président de CPAS Nico Droeven, au grand déplaisir de la présidente de l'instance, Hilde Broers (Voerbelangen)
«Votre motion est trompeuse, car vous savez bien qu'il faut une modification de la Constitution, et que cette modification de la Constitution n'est pas possible avant les prochaines élections», a ajouté Grégory Happart, en concluant «pourquoi voulez-vous changer le statut de Fourons, sans vouloir permettre à tous les élus de pouvoir s'exprimer dans leur propre langue?»
«C'est une question de démocratie», a repris Alexandra Van Gestel, en commentant «nous sommes par ailleurs en Flandre et nous respectons la législation linguistique. Notre proposition n'a rien d'électoraliste, car nous savons que nous ne pouvons nous même changer les choses».
«Si nous ne demandons pas nous-mêmes ce changement, qui le fera?»a interrogé dans la foulée le bourgmestre, Joris Gaens (Voerbelangen). Cette demande «a déjà été faite dans le passé»signalait-il, comme il le répétera en réponse à une question de l'échevin francophone, Jean Levaux: «pourquoi soulever ce problème aujourd'hui, après plus de vingt ans au pouvoir?». «Il est anormal que 41% des habitants de Fourons soient privés de ce droit de vote» poursuivait Joris Gaens, toujours dans l'incapacité de comprendre pourquoi l'opposition francophone a bloqué la motion au CPAS: l'exercice de la démocratie, tout simplement...
«On parle des citoyens européens non-belges, mais pas des Fouronnais francophones qui ont les mêmes droits qu'eux», a répété Clotilde Mahieu (R@L). Avant d'insister à son tour sur le statut linguistique spécial de Fourons.
Insupportable pour Joris Gaens qui s'égare alors dans un commentaire rappelant «qu'avant 2000, seules les associations francophones bénéficiaient de subsides communaux, mais depuis lors, un règlement clair a remplacé ce système» et de lancer, à l'instar de son prédécesseur, Huub Broers, que «les facilités linguistiques sont respectées à Fourons: la preuve par le site Web bilingue de la commune, ce qui n'est pas le cas à Comines-Warneton».
Preuve, s'il en était, que la motion, approuvée par le conseil communal, a un aspect hautement communautaire, et, le résultat du vote au CPAS le démontre, est surtout motivée par la fracture qui s'est produite au sein de la mouvance flamande du conseil communal et de l'instance sociale!
La motion sera transmise au Premier ministre, Alexander De Croo (Open vld), qui ne risque guère de lui donner une suite urgente. Elle atterrira aussi chez la ministre fédérale de l'Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), empêtrée dans les problèmes de migration. Bart Somers (Open vld), ministre flamand des Affaires intérieures en prendra également connaissance. Et un bureau d'avocats sera consulté pour voir de quelle manière en tirer profit. Moyennant le feu vert très hypothétique des partis francophones...
Commentaires
"Preuve, s’il en était, que la motion, approuvée par le conseil communal, a un aspect hautement communautaire, et, le résultat du vote au CPAS le démontre, est surtout motivée par la fracture qui s’est produite au sein de la mouvance flamande du conseil communal et de l’instance sociale!"
NON NON NON! Il n'y a rien de communautaire et quand je lis qu'il faut changer la constitution ça me fait rire. Il ne faut même pas changer la loi de Pacification (préparée le 8.8.88 par Jean-Luc Dehaene avec dans un bureau moi-même et dans l'autre Happart) comme le disait déjà le bourgmestre hier soir. Il faut seulement l'APPLICATION d'une loi acceptée à majorité dans les deux groupes linguistiques au parlement en octobre 1988. De cette loi je vous rappelle l'article 11: "Un article 17bis, rédigé comme suit, est inséré dans la loi organique des centres publics d'aide sociale du 8 juillet 1976". Article 17bis. Par dérogation aux articles 11 à 17, les membres dus conseil de l'aide sociale des communes..., et des communes de Comines-Warneton et de Fourons sont élus DIRECTEMENT PAR L'ASSEMBLEE DES ELECTEURS DE LA COMMUNE!!!"
Le système est encore plus bizarre quand on sait que les électeurs non-Belges ont déjà accès au droit passif au CPAS. Ils peuvent donc siéger ... sans pouvoir voter pour eux-mêmes (vote actif). N'hésitez donc pas à écrire que c'est au moins un peu bête!
Au même conseil j'entendais monsieur Happart, futur tête de liste RAL, râler que la discrimination envers les francophones existe déjà depuis 1963. Et oui, je l'avoue, il a raison: avec les facilités ils ont obtenu une réelle discrimination POSITIVE quand on compare leur statut à celui des néerlandophones dans les communes de la vallée du Geer (Eben-Emael, Bassenge, Boirs, Roclenge, Glons, Wonck) et plus proche de chez nous, Lanaye. Dans ces anciennes communes limbourgeoises les néerlandophones n'ont même pas droit aux facilités (1)! Et pourtant leur transfert du Limbourg à la Provincie de Liège s'est fait en même temps de celui des Fourons au Limbourg. Pourquoi toujours cet oublie de l'histoire réelle?
Avec la même attitude communautaire du sieur Happart j'aurais pu dire: "pourquoi ne pas donner des facilités aux néerlandophones de cette région wallonne afin d'y établir la discrimination positive que monsieur Happart voulait sans doute nous expliquer concernant les Fourons? Ou imaginez vous notre commune de Fourons sans facilités, une commune dans laquelle toute nouvelle famille (comme la famille Happart en 1964 quand on était déjà au Limbourg) s'adapterait au régime unilingue, une commune où on n'aurait jamais eu de centre culturel francophone, d'enseignement en français (non-existant - sauf qq classes à Remersdaal - quand nous étions en province de Liège!!!) et où le petit Greg aurait donc suivi ses cours en néerlandais par manque de cette école francophone,... etc etc.
Avec mes excuses pour mon ignorance de votre langue.
(1)ne vous trompez surtout pas: je suis contre des facilités dans ces communes wallonnes!!! Je préfère leur donner la paix linguistique.
"Preuve, s’il en était, que la motion, approuvée par le conseil communal, a un aspect hautement communautaire, et, le résultat du vote au CPAS le démontre, est surtout motivée par la fracture qui s’est produite au sein de la mouvance flamande du conseil communal et de l’instance sociale!"
NON NON NON! Il n'y a rien de communautaire et quand je lis qu'il faut changer la constitution ça me fait rire. Il ne faut même pas changer la loi de Pacification (préparée le 8.8.88 par Jean-Luc Dehaene avec dans un bureau moi-même et dans l'autre Happart) comme le disait déjà le bourgmestre hier soir. Il faut seulement l'APPLICATION d'une loi acceptée à majorité dans les deux groupes linguistiques au parlement en octobre 1988. De cette loi je vous rappelle l'article 11: "Un article 17bis, rédigé comme suit, est inséré dans la loi organique des centres publics d'aide sociale du 8 juillet 1976". Article 17bis. Par dérogation aux articles 11 à 17, les membres dus conseil de l'aide sociale des communes..., et des communes de Comines-Warneton et de Fourons sont élus DIRECTEMENT PAR L'ASSEMBLEE DES ELECTEURS DE LA COMMUNE!!!"
Le système est encore plus bizarre quand on sait que les électeurs non-Belges ont déjà accès au droit passif au CPAS. Ils peuvent donc siéger ... sans pouvoir voter pour eux-mêmes (vote actif). N'hésitez donc pas à écrire que c'est au moins un peu bête!
Au même conseil j'entendais monsieur Happart, futur tête de liste RAL, râler que la discrimination envers les francophones existe déjà depuis 1963. Et oui, je l'avoue, il a raison: avec les facilités ils ont obtenu une réelle discrimination POSITIVE quand on compare leur statut à celui des néerlandophones dans les communes de la vallée du Geer (Eben-Emael, Bassenge, Boirs, Roclenge, Glons, Wonck) et plus proche de chez nous, Lanaye. Dans ces anciennes communes limbourgeoises les néerlandophones n'ont même pas droit aux facilités (1)! Et pourtant leur transfert du Limbourg à la Provincie de Liège s'est fait en même temps de celui des Fourons au Limbourg. Pourquoi toujours cet oublie de l'histoire réelle?
Avec la même attitude communautaire du sieur Happart j'aurais pu dire: "pourquoi ne pas donner des facilités aux néerlandophones de cette région wallonne afin d'y établir la discrimination positive que monsieur Happart voulait sans doute nous expliquer concernant les Fourons? Ou imaginez vous notre commune de Fourons sans facilités, une commune dans laquelle toute nouvelle famille (comme la famille Happart en 1964 quand on était déjà au Limbourg) s'adapterait au régime unilingue, une commune où on n'aurait jamais eu de centre culturel francophone, d'enseignement en français (non-existant - sauf qq classes à Remersdaal - quand nous étions en province de Liège!!!) et où le petit Greg aurait donc suivi ses cours en néerlandais par manque de cette école francophone,... etc etc.
Avec mes excuses pour mon ignorance de votre langue.
(1)ne vous trompez surtout pas: je suis contre des facilités dans ces communes wallonnes!!! Je préfère leur donner la paix linguistique.